∞ Faut-il accepter les migrants ou les expulser comme Théo Francken ? ∞

 Louise : – Hey ! Comment vas-tu ?

Armand: – Salut ! Ca va et toi ?

Louise: – Ça va… Je viens de voir un reportage avec mon père et je n’en reviens pas !

Armand: – Ah bon ? C’était sur quel sujet ?

Louise: – Ça concernait l’affaire soudanaise avec Theo Francken.

Armand: – Tu pourrais m’expliquer ce qu’il s’est passé ? On n’en parle pas trop chez moi, c’est un sujet un peu tabou…

Louise: – Et bien, il s’agit de Theo Francken, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration.  Il a accepté, suite à un accord passé avec le Soudan, que certains représentants de ce pays d’Afrique viennent en Belgique afin d’identifier les migrants soudanais séjournant illégalement au parc Maximilien à Bruxelles.

Armand: – D’accord mais où est le souci ? C’est juste une vérification.

Louise: – Le souci c’est qu’on soupçonne que certains des représentants envoyés en Belgique fassent partie des services secrets soudanais, autrefois dirigés par l’actuel ambassadeur du Soudan à Bruxelles, Mustrif Siddiq. C’est cet homme qui a envoyé les représentants soudanais à Bruxelles.

Armand: – Elle servait à quoi cette identification ?

Louise: – C’était pour voir qui était soudanais parmi les nombreux migrants et éventuellement les rapatrier…

Armand : – Je trouve ça horrible !

Louise : – Pas moi. On ne peut pas accueillir tout le monde.

Armand : – C’est ce que tu penses ? Parce que moi je me pose la question ; est-il moralement défendable de renvoyer chez eux des migrants étant venus chercher chez nous une terre d’asile ?

Louise : – Que veux-tu dire par là ?

Armand : – Ce que je veux dire c’est qu’en 2018, au niveau des droits de l’Homme, de l’assistance aux personnes en danger et de la solidarité est-ce que tu penses que les représentants de notre pays, ici entre autres Theo Francken, ont le droit de renvoyer dans leur pays d’origine des personnes ayant fuit, généralement pour des raisons de guerre et de maltraitance, cherchant chez nous un lieu où ils seraient plus en sécurité que chez eux, où il n’y pas de bombes qui explosent tous les 10 mètres et où ils pourraient vivre une vie comme le commun des mortels ?

Louise : – Moi je pense que nous ne pouvons pas sauver tout le monde. La Belgique a ses problèmes internes au pays à gérer, nous n’allons pas en plus gérer ceux des autres.

Armand : – Certes la Belgique a ses soucis, mais ne penses-tu pas que tu aimerais qu’un pays t’accueille, toi et ta famille, si c’était la guerre ici ?

Louise : – Je ne sais pas. Ce n’est pas la guerre ici et ça ne le sera pas parce que nous sommes des gens civilisés qui privilégient le dialogue à la violence. Ils se sont mis tous seuls dans cette situation de guerre au sein même du pays, qu’ils s’en sortent seul.

Armand : – Mais le Soudan c’est une dictature. Les gens n’ont pas le droit de parler, ça leur est interdit ! Et ce n’est pas le peuple qui cherche la violence. Si les gens fuient, c’est entre autres à cause de leur président, Omar el-Béchir. Ces idées et ses actes sont tels qu’il est poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et même pour génocide !

Louise : – Génocide. Toujours utiliser des mots bien trop grand pour parler de situations plus petites.

Armand : – C’est la vérité ! Avec la guerre civile au Darfour, dans l’ouest du Soudan, qui dure depuis 2003, il y a eu plus de 300 000 morts. Et tout ça pour des différences ethniques…

Louise : – Admettons même que ce soit le cas, cela voudrait dire que les personnes qui font la guerre là-bas combattent pour la même chose que les terroristes faisant des attaques ici : les différences entre l’une et l’autre ethnie. Tu as pensé au fait qu’en acceptant des migrations massives ici, des terroristes pourraient se glisser entre les civils ? Qu’est ce qu’on ferait nous ?

Armand : – Là, tu mélanges les choses. Le terrorisme ici et la guerre là-bas n’ont pas de lien. Du moins pas de lien direct. Les gens qui viennent ici se réfugient, ils ne demandent qu’à être aidés.

Louise : – Mais on ne sait pas les aider ! Nous n’avons pas l’argent nécessaire à ça. Les aider ça revient à ouvrir des centres qui nous coûtent de l’argent, à leur donner de l’argent, à leur permettre de travailler, à savoir d’augmenter le taux de chômage pour les belges,… Sans compter que ça engendre une augmentation de la population au sein de notre pays, on va finir par tous se marcher dessus !

Armand : – Je vais te raconter quelque chose. Ma famille aussi a migré en Belgique. Le père de mon nonno était italien. Et le grand-père de mon nonno avait émigré à New-York pour finalement retourner en Italie. Mon nonno, lui, est venu en Belgique. S’il avait été renvoyé en Italie, nous n’aurions jamais pu avoir cette conversation. Et tu sais pourquoi il n’a pas été rapatrié ? Car il acceptait d’aller travailler dans les mines. C’était le cas de beaucoup d’autres italiens aussi d’ailleurs. S’il avait refusé de le faire, peut-être qu’on ne l’aurait pas laissé rester. Sache qu’aujourd’hui ça n’a pas beaucoup changé. Une grande partie des migrants qui obtiennent un statut légal ici ne travaillent que là où les belges ne veulent pas travailler. Alors oui peut-être qu’un jour ils auront un métier plus valorisant mais je pense que tout le monde mérite de faire ce qu’il aime ou du moins ce qu’il a choisi de faire.  Ce n’est pas juste d’être obligé d’accepter un job que fondamentalement on n’a pas envie d’exercer sous prétexte que personne d’autre n’en veut. Puis quand tu y penses, nous aussi on va dans d’autres pays et on travaille là-bas. Combien de belges ne sont pas partis vivre aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie, en Inde et j’en passe ? Alors pour la population au final s’est régulé, puis on n’est pas au seuil de la surpopulation non plus…

Louise : – Oui des belges vont dans d’autres pays, mais pas en masse. Et l’argent, tu en fais quoi ? N’as-tu pas vu le nombre de sans domicile fixe dans nos rues ?

Armand : – Les SDF ne sont pas devenus SDF à cause des migrants ! Leur situation est très désagréable, je le conçois bien.  Le gouvernement ne fait peut-être pas tout le nécessaire pour aider les SDF belges, mais une fois de plus, c’est un autre débat.

Louise : – Absolument pas ! C’est justement une des choses qui me révolte le plus. Si le gouvernement belge ne sait déjà pas gérer à 100% les problèmes des habitants de son pays, comment veux-tu qu’il gère en plus celui des autres ? Même pour les gens qui se réfugient ici ce n’est pas bien. Ils ne peuvent pas être pris en charge correctement. Qu’ils aillent dans un pays où les problèmes internes sont moindres et où ils peuvent s’occuper des personnes qui arrivent. En attendant, qu’ils partent de la Belgique et qu’ils retournent chez eux trouver des solutions.

Armand : – Nous sommes un pays où les problèmes internes sont moins gros que chez eux ! Aucun gouvernement n’est parfait et ce n’est tout rose dans aucun pays du monde. Il se trouve que nous ne nous débrouillons pas si mal comparé à d’autres pays. S’ils rentrent chez eux, ils vont être torturés à mort !

Louise : – Qu’ils aillent dans un autre pays alors.

Armand : – Certains n’attendent que ça. Tous les migrants arrivant ici ne comptent pas rester. Cependant il est parfois compliqué pour eux d’aller ailleurs, de plus en plus de pays ferment leurs frontières…

Louise : – Ah ! Donc les autres pays nous les refourguent tous ! Et pourquoi on ne ferait pas ça nous ?

Armand : – On peut voir ça comme ça… Je trouve ça inadmissible que certains pays ferment leur porte à des gens dans le besoin mais en même temps ce n’est pas une raison pour que l’on fasse pareil.

Louise :-En bref, d’après toi ce n’est pas normal que Mustrif Siddiq ait demandé à faire une identification des migrants soudanais à Bruxelles ?

Armand :-Non, pour moi ce n’est pas normal. J’estime qu’il est de notre devoir de citoyen d’aider une personne dans le besoin, d’autant plus lorsque cette personne réclame de l’aide et que nous savons qu’elle serait maltraitée à son retour…

Louise :-Pour ma part, je maintiens la pensée que nous ne savons et ne pouvons aider tout le monde. Cependant, j’aime bien ce côté de toi souhaitant le bonheur des gens. Je dois y aller. À plus !

Clara Gillis et Owen Nicolas, 5PAW

Thomas : – Salut ! J’ai entendu votre discussion et je souhaite pouvoir vous faire part de mon avis sur le sujet.

Louise & Armand : – Oui bien sûr. Dis nous.

Thomas :  À votre avis combien y a t-il de migrants en Belgique ? Avez-vous une idée approximative du pourcentage qu’ils représentent par rapport à la population belge qui est d’environ 11 millions de personnes ?

Louise : Non, je n’ai pas les chiffres en tête, je ne sais pas. Mais ils sont trop pour notre petit pays !

Armand :  Je ne suis pas certain mais je crois que ca doit être plus ou moins 12%. En tout cas ce n’est pas énorme.

Thomas : Ils représentent un faible pourcentage, c’est à dire bien moins de 5% de la population totale du pays.  Et il ne faut pas oublier que des belges quittent aussi le pays pour s’installer ailleurs dans le monde. Ce qui régule donc le flux de départs et de rentrées, il s’équilibre. Imaginons que chaque commune belge prenne en charge un migrant, le loge, l’aide à s’intégrer et trouver un travail, eh bien chaque migrant « belge » pourrait vivre dans un environnement où ses besoins sont respectés.

Louise : Pourquoi les migrants pourraient-ils bénéficier d’aide à l’intégration alors qu’il y a encore des SDF dans notre pays ? Eux sont aussi sans abri, sans famille, sans revenus. Leurs besoins ne sont pas respectés non plus.

Armand : Eh bien le même système pourrait être adopté pour les SDF, il faudrait y réfléchir. Notamment sur le point économique, toutes ces prises en charge, autant pour les migrants que les SDF, auront un coût.

Thomas : Eh bien justement, on se rend compte qu’investir pour les aider à s’intégrer rapporte, au final, plus d’argent qu’il n’en coûte ! Étant donné que l’objectif de chaque personne est bien souvent de survivre, de fuir des conditions qui mettent sa vie en danger, quand ils trouvent un milieu où il est possible de retrouver une vie « normale » ils font, la plupart du temps, ce qu’ils peuvent pour que cela fonctionne. Ceux-ci, une fois pris en charge et soutenus, vont trouver un travail et consommer, du coup ils font fonctionner l’économie du pays. À mes yeux les renvoyer dans leur pays est inhumain quand ils y risquent leur vie. Ne pas les aider serait faire preuve de cruauté, et comme tu l’as dit Armand, de non-assistance à personnes en danger. Personne ne choisirait de vivre dans un pays où le régime politique est dictatorial… C’est pourquoi je suis contre le fait de les rapatrier dans leur pays tant que la situation est toujours instable.

Louise :  Oui mais une fois qu’ils seront installés ils voudront sûrement rester en Belgique. Ils auront trouvé des amis, peut-être reconstruit une famille, appris à connaitre les lieux, trouvé un travail alors pourquoi voudront-ils partir s’il ont une vie qui leur convient ici ?

Armand : Ce n’est pas dit. Certains ne rêvent que de retourner dans leur pays quand leur vie ne sera plus en jeu… Pouvoir peut-être retrouver leur famille, amis, des lieux de leur enfance… tout ce qui s’y trouve encore.

Thomas : Et puis, ils voudraient même rester en Belgique, j’y vois plus d’avantages que d’inconvénients : ils peuvent alimenter l’économie du pays, nous permettent d’apprendre d’autres langues et cultures, de partager ensemble tout ce qu’il y a de bon et d’agréable dans la vie, de partager nos différences. À mes yeux chaque personne, surtout quand elle est épanouie, est un puits de ressources. Le tout est d’arriver à faire en sorte de pouvoir les partager ensemble dans un environnement le favorisant.

Armand : Oui je crois, moi aussi, que nous devons les aider et qu’ils peuvent nous apprendre beaucoup !

Louise :  Il est vrai que chaque personne est importante et que, par ce fait, nous ne devons pas les ignorer ou les dénigrer. Mais je reste d’avis que nous ne pourrons pas résoudre tous les problèmes et que la source du problème vient de l’origine du conflit et de la gestion des pays qu’ils fuient.

Ava Moulart et Élise Lesenfants, 5PAY

Sources :

https://www.monde-diplomatique.fr/index/sujet/conflitdudarfour

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/le-president-soudanais-omar-el-bechir-poursuivi-par-la-cpi_1689392.html

http://www.levif.be/actualite/belgique/migrants-la-collaboration-entre-theo-francken-et-le-soudan-fait-polemique/article-normal-725727.html

Thomas’sources ;

  • https://www.youtube.com/watch?v=B1N48XIjQVM
  • https://www.youtube.com/watch?v=KiGiupc3VwA
  • http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/submitViewTableAction.do
  • http://ec.europa.eu/eurostat/data/database ( juste jeter un coup d’oeil sur différent docs)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *