Anonyme
- Pitteurs
Omertta (chauffeur Uber) : Notre statut d’indépendant n’est « que fictif ». Je trouve que notre métier doit être reconnu.
Sakiki (journaliste) : Expliquez-nous pourquoi ?
Omertta : À première vue ce métier a l’air facile, les gens se disent que conduire une personne d’un point A à un point B c’est facile mais c’est faux ! Ce métier est quand même dangereux.
Sakiki : Pourquoi dites-vous cela ? Avez vous des preuves de ce que vous avancez ? Ça serait intéressant pour nos lecteurs de connaître vos arguments car c’est un débat dans lequel beaucoup sont mitigés.
Omertta : Uber s’est expliqué en décembre sur les agressions recensées dans ses voitures aux Etats-Unis. Ils indiquent que « ces incidents ont été signalés sur 0,00002 % des courses. Bien que rares, ces signalements représentent tous un individu qui a partagé une expérience très douloureuse ». Ils ont raison : on n’est pas préparés à ça.
Sakiki : Avez-vous vous-même été agressée dans le cadre de votre activité professionnelle ?
Omertta : Malheureusement oui… Je me trouvais à bord de la voiture lorsqu’un homme est rentré comme si de rien n’était et m’a demandé de démarrer tout de suite. Comme je n’ai pas démarré assez vite pour lui, il m’a sortie du véhicule en me tirant les cheveux et m’a mise au sol… Des personnes sont venues m’aider, heureusement.
Sakiki : Je suis désolée de l’apprendre, j’espère que vous allez mieux. Avez-vous un éventuel message à faire passer à nos lecteurs ?
Omertta : Oui effectivement, j’aimerais dire au monde entier que nous ne sommes pas de simples quidams qui vous conduisons d’un point A à un point B. Nous sommes des êtres humains avant tout… On peut communiquer avec vous nous avons le sens de la communication et du respect.
Sakiki : Merci pour votre déclaration, j’espère que votre métier sera enfin reconnu comme tel et que tout le monde se rendra compte que c’est un métier plus dur qu’on ne le pense.
Prolongements possibles :
La journaliste est là pour enquêter sur une chose précise, qui n'est pas l'impression un peu vague que les gens ont à propos des chauffeurs Uber, mais leur statut professionnel qui pose problème parce que Uber ne les considère pas comme ses travailleurs mais leur impose tout de même des contraintes – sans leur garantir les avantages et protections legales auxquels les travailleurs, salariés ou employés ont droit. La société Uber soutient qu’ils ne sont pas ses travailleurs car il n’existe pas de contrat de travail étant donné que les chauffeurs ont une "totale liberté dans l’organisation de leur travail" et que la société ne donne "aucun ordre direct aux chauffeurs (pas d’instruction sur les horaires, le lieu de l’activité, la clientèle, etc)". Or, les chauffeurs Uber pensent autrement. C'est ce débat-là qui devrait poser question à la journaliste. La même question se pose concernant les livreurs Uber eats ou Deliveroo. Renseignez-vous.