A : – Je pense qu’il y a encore une nature, car autour de nous, même si il est dégradé, le monde est toujours là.
B : – Alors je ne suis absolument pas d’accord. L’environnement naturel n’existe plus. Je m’explique : le réchauffement climatique est bien là. 28°C en mai ? Ce n’est pas normal ! L’être humain en est la première cause ! Il tue tout ce qu’il y a autour de lui. En premier la nature. Je vivais également d’illusions, ne voulant pas admettre que la nature meurt.
A : – L’humain n’est pas si néfaste. Il cherche juste le confort pour vivre. Les animaux le font aussi ! La Nature est toujours là, à tenir le coup. Elle est presque immortelle, et pleine de ressources. Ce n’est pas parce qu’on abat quelques arbres que le règne végétal va disparaître.
B : – Quelques arbres !? Pardon, mais ce n’est pas « quelques arbres », qu’on abat. De plus, la nature est déjà presque morte. Entre la surproduction, la surconsommation et la surpopulation, les ressources ne suivent plus ! Et l’import-export, ne parlons pas de la pollution que ça engendre. Et les quelques arbres comme tu dis, si ils disparaissent avec les feux, tu peux dire adieu à l’humanité.
A : – Tu exagères un peu la situation. Et puis finalement c’est quoi la nature ? Des arbres, des plantes, des animaux ? Ils n’ont d’utilité que pour l’humain. C’est un peu leur destinée de « subir » l’humanité. Donc la nature ne peut pas mourir. Alors je t’accorde qu’on devrait faire plus attention à ce qu’on fait. Mais dire que ça disparaît ? Jamais.
B : – Tu n’as pas l’air de bien t’en rendre compte, mais la nature, les ressources, c’était là bien avant nous. Mais si on suit ton chemin, elle ne vivra plus très longtemps. Et d’ailleurs, quand tu parles d’animaux, NOUS ne sommes pas grand-chose sans eux.
A : – Je suis sûr que ça s’arrangera. J’essaierai de changer mon mode de vie, mais pas trop. Je doute quand même que tout ait disparu. Il reste encore plein de denrées et d’arbres. Sans oublier qu’on fait plus attention à nos plastiques…
B : – Bah oui, tiens, parlons pollution. Est-ce que tu as vu tous les déchets dans la mer !? Ou le nombre d’animaux qui finissent étouffées, écrasées, intoxiquées… La nature n’en peut plus et essaie de nous le signaler par tous les changements auxquels trop peu de gens prêtent attention. Tout finira par partir en fumée si on continue sur cette lancée. Si on ne prête pas plus attention aux signes…
A : – On y fait attention ! C’est juste que ce n’est pas très grave et qu’on final on s’en sort, qu’il n’y a pas besoin de changer tout notre mode de vie et de faire attention à tous nos faits et gestes.
B : – C’est là que tu te plantes, malheureusement. Tous les problèmes devraient être pris en compte et peut-être que l’environnement reviendra un peu. Mais là, c’est mal parti.
- Hugo Trillet
- ICTIA
- 29/08/2022
C : – J’écoute votre conversation depuis tout à l’heure et je pense que nous devons vraiment prendre soin de Dame Nature. Elle nous est bien utile certes mais, plutôt que de la penser utile ou d’essayer de trouver des solutions pour la préserver, mon idée serait de changer carrément de vision à propos d’elle …
B : – Oui, son utilité n’est plus à prouver, elle nous offre tellement de services. Et à quelle vision penses-tu ?
A : – C’est ce que je disais, la nature est là pour servir l’humanité, depuis toujours, et elle le restera, c’est son rôle.
C : – L’idée serait de la considérer autrement.
B : – Oui, comme une ressource épuisable ? C’est cela que tu veux dire ? pas comme un puits sans fond !
C : – Non, certaines tribus d’Amazonie, par exemple, considèrent les plantes et les animaux comme des personnes. Ils créent de vrais liens sociaux entre eux.
B : – Tu veux dire qu’ils ont une sorte de relation d’égal à égal entre eux ? plutôt que quelque chose de purement utilitaire ?
A : – Moi, je n’y vois que la valeur utilitaire, vous n’allez quand même pas me dire qu’il y a interdépendance entre des plantes et un humain ?
C : – Oui, ce serait repenser les liens que nous entretenons avec eux, et comprendre que toutes les espèces sont indispensables pour la survie des autres. Revisiter ces rapports entre l’un et l’autre, c’est aussi peut être la possibilité d’influer significativement sur nos nouvelles politiques environnementales. Qu’en pensez-vous ?
– Inspiré de https://reporterre.net/La-nature-n-est-pas-utile-elle-est-irremplacable
Prolongements possibles :
Un personnages pourrait venir définir le concept de "nature", et ajouter un travail conceptuel sur l'existence de cette catégorie structurante dans nos sociétés (et son absence dans bien des autres cultures), en s'inspirant des travaux de Descola par exemple. Un personnage pourrait interroger l'idée que c'est aux citoyen·ne·s à changer leur mode de vie, alors que ce sont les industries qui sont responsables de l'immense majorité des activités destructrices et polluantes.