Médiateur : – Voici Les trois intervenant de cet échange : Max, avec un avis plutôt contre la Gay Pride, Nex, avec un avis plutôt pour, et Ea, avec un avis plutôt partagé. Alors, qui veut prendre la parole en premier et commencer à répondre à la problématique ?
Nex : – Bonjour. Merci de nous avoir invité ici, aujourd’hui.
Ea : – Bonjour.
Max : – Bonjour.
Nex : – Je vais commencer, si vous le voulez bien. Je pense qu’il faut considérer la Pride comme une fête plus que comme une manifestation. Au départ, c’était bien une manifestation mais les temps ont changé. Aujourd’hui, les droits des LGBT sont reconnus et il devient moins nécessaire de manifester pour cela. En revanche, la Pride est une fête publique, un endroit où on peut s’amuser, se sentir soi-même et entouré de personnes qui comprennent.
Ea : – Pour ma part je trouve qu’à l’heure d’aujourd’hui la Pride n’est plus totalement en accord avec son but premier. Elle est née dans les années 60 d’une émeute de plusieurs jours suite à la descente de la police dans un bar gay et a continué à se dérouler chaque année dans le but de se battre pour les droits LGBT. L’évènement a donc un fond positif et permet à plusieurs personnes de se sentir plus inclues dans la société pendant quelques jours, de renverser la tendance, ceux qui se sentent habituellement cachés mènent la danse en se trémoussant et les autres les suivent en marchant tranquillement. Mais malheureusement, le public qui ne s’intéresse pas aux droits LGBT voit ça comme un carnaval gay, la communauté donne parfois une mauvaise image d’elle-même car elle ose par exemple porter des tenues jugées indécentes par ceux qui n’osent pas.
Max : – Je suis totalement d’accord avec vous, cet évènement n’a plus lieu d’être et ne fait que décrédibiliser cette communauté. Le fait de vouloir sortir des normes et des codes, c’est bien, mais la liberté s’arrête là où commence celle de ton prochain comme on dit. Or, là, ils ne font que choquer pour se faire remarquer, c’est déplorable.
Ea : – Je ne suis pas entièrement d’accord avec vos propos, voyez-vous, car même si la Pride ne sert plus réellement à défendre les droits de la communauté, je ne pense pas qu’elle doive être abolie. En y allant pour la seconde fois, j’ai pu me rendre compte à quel point l’ambiance était bonne, tout le monde riait et était heureux, il n’y avait pas de différence de genre, de sexe, d’orientation ou de couleur, je trouve que cette ambiance devrait être présente dans la vie de tous les jours et que, pour cette raison, la Pride doit continuer à exister, pour montrer qu’il y a une façon de vivre plus joyeuse et plus ouverte.
Max : – Ce n’est donc pas nécessaire de le faire en public, il y a des boîtes de nuit pour cela.
Ea : – Bien sûr qu’il est nécessaire de le faire en public, car le but est de partager cette ambiance avec tout le monde.
Nex : – Je suis tout à fait d’accord avec toi : même si la cause est déjà reconnue, la fête n’a pas à être cachée !
Max : – Mais elle ne doit pas choquer les autres non plus.
Nex : – Mais si elle vous choque, c’est que vous êtes homophobe !
Max : – Elle me choque parce qu’elle ne correspond pas avec mes valeurs, mes traditions et mes habitudes de vie. Je trouve que le terme que vous employez est déplacé.
Nex : – En ce cas ce sont vos valeurs et vos traditions qui sont homophobes, et par conséquent non adaptées à notre société.
Ea : – Je pense que le monde peut être choqué par l’audace dont fait preuve la communauté mais sans pour autant être homophobe.
Max : – Mais pourquoi ça doit se faire de cette façon, publiquement ?
Ea : – Eh bien simplement parce que c’est le but de toute manifestation. Faire valoir ses droits auprès de ceux qui y adhèrent déjà ne servirait à rien. Interdire à la communauté LGBT de se manifester serait comme interdire aux travailleurs de sortir dans la rue pour revendiquer leurs droits. Nous sommes maintenant au 21e siècle et malheureusement l’incompréhension subsiste, cachée derrière un masque de haine. Cette fête aspire à l’union des différences, l’union de tous sans jugement, l’égalité ! Vous parlez d’un défilé choquant, mais allumez la télévision et vous vous rendrez compte que vos enfants regardent des choses bien pires que ça. De plus cette manifestation vise à intégrer dans la société toute les orientations sexuelles existantes, la liberté sexuelle fait peur aux gens car c’est un sujet encore tabou à notre époque, c’est justement en continuant ce genre de manifestations que nous acquerrons une plus grande liberté. Le défilé est choquant car il y a encore de quoi choquer, ce qui indique que la liberté est encore bien moindre.
Max : – Mais vous avez déjà ces droits, certes, il reste des personnes qui vous persécutent mais ils deviennent une minorité. Moi, je pense que continuer cette « tradition » ne fait que de vous décrédibiliser envers la société au lieu de vous intégrer. Et puis, en ce qui concerne les programmes télévisés, il est vrai que la violence abusive est à dénoncer mais ce genre de choses ne peut changer qu’en commençant par modifier de petites choses. Si votre mouvement est choquant, c’est parce qu’il ne correspond pas forcément aux valeurs de tout le monde. Je ne dis pas que vous n’avez pas le droit de le faire, mais faites-le entre vous, dans le respect des valeurs de chacun.
Ea : – Premièrement, la « minorité » comme vous dites constitue à peu près tout le continent affricain, où notre communauté est persécutée à mort, sans parler de certains pays asiatiques comme la Russie, du gouvernement de Donald Trump, des camps de concentration en tchétchénie et j’en passe. Ensuite, notre manifestation n’est pas violente, et elle est dans le respect de tous, chacun y est convié, et ceux qui n’ont pas envie d’y participer n’y ont aucune obligation, elle ne se déroule que quelques jours par an, ce qui est relativement peu. Si l’égalité et l’acceptation des différences ne correspondent pas à vos valeurs, c’est à vous de vous poser les bonnes questions. Le respect de chacun est présent, et si vous ne voulez pas y participer rien ne vous y oblige. Comme souligné précédemment, manifester seulement entre membres de la communauté LGBT est inutile, ce serait comme manifester pour les droits des personnes noires au cœur de l’Afrique. Ce qui me semble légitime, c’est un changement des mentalités.
Ea Koninckx, 5PAW, Marie Humblet, et Yannick Bour, 5PAZ
Sources: