Le concept de vérité scientifique est, au premier abord, un concept équivoque. D’une part, parce qu’il est nécessaire de distinguer entre les sciences de la nature, qui ont pour objet des phénomènes naturels, qui existent, qui sont donnés avant toute mise en observation et les sciences mathématiques dont les objets, nous justifieront en son temps cette formule, sont des créations de l’esprit.
Raymond Polin (Philosophe, Sorbonne Université), Vérités et libertés, 2000, p. 21
Les mathématiques sont bien le lieu de toutes les surprises. Car ces mathématiques, qui ne sont pas données dans la nature des choses, vont se révéler comme l’instrument nécessaire du développement des sciences de la nature. Elles seules permettent de quantifier les relations entre les phénomènes et de donner, la pensée mathématique se conformant au principe d’identité, un énoncé adéquat à la mesure de la réalité naturelle et de formuler ces lois en équations, ce qui en est la formulation proprement scientifique. Comme l’histoire le montre, les progrès des sciences de la nature dépendent de plus en plus des inventions des mathématiques nouvelles. D’où proviennent donc ces sciences mathématiques qui n’existent nulle part ? A quoi correspondent leurs vérités ? Ont-elles même une vérité ? Surprise suprême, les sciences mathématiques sont le lieu par excellence d’une vérité nécessaire, éternelle, universelle, donc démontrable à tous et connaissable en principe par tous…
Raymond Polin (Philosophe, Sorbonne Université), Vérités et libertés, 2000, p. 31