Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.
Il y a une certaine continuité de la connaissance sensible à la connaissance scientifique. La connaissance sensible, nous l’avons remarqué, demeure rarement au stade de la sensation pure et de la réaction immédiate que celle-ci peut engendrer. Elle s’inscrit bien souvent dans un climat affectif et elle intègre aussi des souvenirs et de quasi-réflexions qui engagent toute la personne, sans changer proprement la nature de la sensation, de l’impression. Avec l’expérience qui s’acquiert et sous la pression des besoins éprouvés et des finalités qui s’ouvrent, des réflexions plus organisées vont dépasser ce donné sensible et immédiat. Il faudra attendre longtemps, et cela n’advient, en fait, au départ, que dans la seule culture occidentale, celle des Grecs, des Romains, des Chrétiens, pour que ces soucis cessent d’être sporadiques et deviennent la recherche systématique de savoirs scientifiques. La curiosité, une curiosité toute intellectuelle, un intense désir de savoir, de savoir pour savoir, va inciter les hommes de notre culture à dépasser le seul souci de satisfaire des besoins particuliers et proches, et va inspirer une réflexion systématique, ordonnée, afin de découvrir et d’expliquer la nature et le comment des phénomènes naturels, des choses et des faits qu’ils comportent…
Raymond Polin (Philosophe, Sorbonne Université), Vérités et libertés, 2000