On se demande parfois comment les projets maléfiques des méchants de films d’action peuvent rester secrets si longtemps avec autant d’employés qui s’affairent dans des bases hyper secrètes. N’y a-t-il pas un risque qu’au moins l’un d’eux parle de son travail après un verre de trop et ne ruine la conspiration? David Robert Grimes, écrivain scientifique irlandais ayant une formation professionnelle en physique et en biologie du cancer, qui contribue à plusieurs médias sur les questions de science et de société et a commencé sa carrière comme physicien à Oxford, a justement publié un article scientifique qui démontre qu’il est improbable qu’un grand complot impliquant des milliers de personnes reste secret pendant des décennies. Car la probabilité d’une fuite majeure augmente avec le temps et le nombre de personnes impliquées dans le secret.
Comme le décrit le site Vocativ, la méthode est originale puisque le chercheur s’est basé sur des complots avérés qui ont tous fini par être connus du public. Celui qui a impliqué le plus de personnes, le scandale du programme Prism d’espionnage massif des télécommunications par la NSA, a concerné jusqu’à 30.000 personnes. Il a été rendu public au bout de six ans.
Le scandale de Tuskegee dans l’Alabama a connu une longévité bien supérieure ; jusque dans les années 1960, des chercheurs ont intentionnellement laissé des patients noirs infectés de la syphilis pour observer la progression de la maladie. L’opération impliquait 6.700 personnes et le scandale n’a éclaté que vingt-cinq ans plus tard.
Ces exemples pédagogiques vont servir à l’auteur pour mettre les adeptes de théories du complot de grande ampleur devant l’un des principaux maillons faibles de leur argumentaire: aussi grave soit-il, un «complot», s’il existe bel et bien, finit toujours par être connu.
– Slate, Repéré par Jean-Laurent Cassely — 27 janvier 2016 à 12h59. URL : http://www.slate.fr/story/113255/complots-rester-secrets