Exercice : Laquelle est une histoire vraie ?
Lisez attentivement les deux histoires dessinées ci-dessous par Sergio Salma, et trouvez laquelle des deux est vraie, et laquelle est une fiction inventée par l’auteur.
Traditionnellement, l’ensemble du vivant était représenté sur une forme pyramidale, une échelle de la nature, l’humain surplombant l’ensemble, placé incontestablement au sommet((Le contenu de cette page est très largement inspiré de l’article de Regad C. et Riot C., « Pourquoi parler de “personne non-humaine” et non de “personne animale” ? », in Revue Droit et Patrimoine, (2021), no 311, p. 32. URL : https://nouveau.europresse.com/Link/U031558T_1/news%c2%b720210301%c2%b7KDP%c2%b71528992586)).
Cette représentation du monde du vivant est celle de l’anthropocentrisme, qui voit le monde du point de vue de l’humain et se contente de cela.
Désormais, il n’y a plus de linéarité mais une arborescence du vivant, un corail de la vie dans lequel chaque être vivant se retrouve incorporé dans un tout qui le dépasse, dans une communauté plus large, dans un continuum de vie. Dans ce vaste corail, l’homme occupe une branche parmi les autres aux côtés des différentes formes de vie. À la racine du corail se trouve « LUCA » ( Last Universal Common Ancestor) qui est le plus ancien ancêtre commun universel connu.
Cette nouvelle représentation du vivant implique un renversement. Elle signe la fin d’une hiérarchie humaine. Surtout, elle confirme l’importance de parler de« personnes non-humaines » et non de « personnes animales », puisque l’humain est biologiquement un animal, campé sur une des branches du corail de la vie. Évoquer la « personne animale » pour parler des animaux autres que l’homme, c’est donc se rattacher à une approche du monde que la science ne soutient plus. L’expression de « personne non-humaine », conforme à la réalité biologique, sera privilégiée.
S’inscrivant dans la modernité et les défis des années à venir, l’idée de personnalité juridique de l’animal, comme personne non-humaine, s’enrichit par la communication riche et dense entre les différentes sciences (droit et sciences du vivant).
En bref
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Signification
La notion de personne non-humaine est utilisée pour faire une place aux animaux qui soit différente de celle qu'on fait aux choses : les non-humains sont nombreux, mais pour l'instant seuls les animaux sont reconnus comme des personnes.
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Origine Droit
La reconnaissance de la personnalité juridique aux animaux est un défi du XXIè siècle. La Déclaration de Toulon, , prévoit que « les animaux doivent être considérés de manière universelle comme des personnes et non des choses ». Plusieurs pistes existent, mais reconnaître à l’animal une personnalité juridique permettrait de poser de manière cohérente les bases du droit des animaux. Or, en Droit, tout est question de définition, et selon les mots qu'on va utiliser, les décisions de justice qui pourront être prises seront différentes.
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Enjeux
« Droit des animaux », « droit animal », « droit animalier », « droit de l’animal »... comment s’y retrouver ? Pourquoi parler de « personne non-humaine » et non de « personne animale » ?
« Droit animal » pose des soucis de construction grammaticale, qui font qu'on le comprendrait de travers : l'adjectif "animal" pourrait qualifier le droit, qui serait animal, comme il pourrait être cruel, lymphatique, mou ou flou. On pourrait aussi croire qu'on parle du droit que certaines sociétés animales donnent parfois l’impression de forger.
La formule « droit animalier » donne l'impression que l'animal est une chose, et « droit de l’animal » semblerait plus logique. Mais il y a beaucoup d'animaux très différents, et seule la formule « droit des animaux » permettrait d'en tenir compte.
Anthropo-, bio- ou éco-centrisme ?
Anthropocentrisme
Si l’on a pu considérer, dans le droit, que les animaux appartenaient à la catégorie des objets, c’est qu’on percevait le monde depuis notre propre nombril, en le considérant comme ce qu’il y a de plus important. On considérait l’humain comme le centre, et il était donc bien légitime qu’il soit au-dessus du reste.
Le système de valeur morales, pensé par les humains, est centré sur eux.
L’anthropocentrisme, c’est donc une conception philosophique qui considère l’humain comme l’entité centrale la plus significative de l’Univers et qui appréhende la réalité à travers la seule perspective humaine((Merci Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropocentrisme)).
Biocentrisme
Quand on prend un peu de distance d’avec son nombril, on perçoit que le monde est autre chose qu’un ensemble de ressources que l’humain, qui le domine, pourrait exploiter à sa guise.
Le biocentrisme est un courant de l’éthique environnementale, pensée pour l’essentiel d’origine norvégienne, s’opposant au « chauvinisme humain » et à la position anthropocentrique.
Le biocentrisme considère que tous les êtres vivants doivent être considérés comme des fins en soi, c’est-à-dire comme possédant une valeur intrinsèque qui leur donne droit au respect((Hello Kant ; et à nouveau, merci à Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocentrisme)).
Écocentrisme
L’écocentrisme va un pas plus loin : il affirme que ce ne sont ni les seuls humains ni les seuls êtres vivants qui doivent être considérés comme centraux dans nos systèmes de valeur, mais l’ensemble des humains et non-humains, donc l’écosystème entier.
Ce courant d’éthique environnementale nie qu’il existe des divisions existentielles entre la nature humaine et non humaine suffisantes pour affirmer que les humains sont soit (a) les seuls porteurs de valeur intrinsèque, soit (b) possèdent une plus grande valeur intrinsèque que la nature non humaine.
Les tenants de cette option défendent donc que les organismes non-humains et l’environnement naturel dans son ensemble méritent d’être pris en considération lors de l’évaluation de la moralité des décisions politiques, économiques et sociales(( https://fr.xcv.wiki/wiki/Ecocentrism)).
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