La bioéthique, c’est l’ « étude des problèmes moraux soulevés par la recherche biologique, médicale ou génétique et certaines de ses applications (Larousse) ».
L’éthique médicale, qui remonte au serment d’Hippocrate (IVè siècle ACN), fait partie intégrante de l’exercice de la médecine depuis lors.
Toutefois, pendant longtemps, elle a été formulée par les corporations (groupements professionnels) de médecins. Dès lors, elle relayait Nécessairement les valeurs inhérentes à la recherche médicale elle-même.
Or, ces valeurs ont parfois posé problème
Pour la petite histoire...
Les expériences médicales nazies((cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Expérimentation_médicale_nazie)).
Les expériences dirigées par les médecins nazis se sont déroulées en dehors des règles d’usage de l’époque, en l’absence des protocoles scientifiques et des codes déontologiques actuellement admis et reconnus par la communauté scientifique et médicale internationale.
Souvent pratiquées par un personnel non qualifié, pouvant choisir leurs victimes de façon arbitraire, ne leur laissant ni information, ni consentement, ni possibilité de retrait, elles exposaient les cobayes humains à des conditions cruelles, voire barbares pour les plus extrêmes d’entre elles, avec des apports scientifiques contestables voire inutiles.
L’utilisation de la population des camps de concentration est l’aboutissement logique d’une idéologie basée sur le racisme et la notion de sujets sans valeur, assimilés à des parasites (rats, poux..) ou au cancer (les juifs comme cancer du peuple allemand). La mort de centaines de « sous-hommes » se justifie par la possibilité d’améliorer les chances de survie d’un seul pilote allemand. La plupart des expériences sont menées au nom d’un effort de guerre, en raison d’une urgence nationale permettant de se passer de règles. D’autres sont en rapport avec une hygiène raciale (purifier, nettoyer, préserver la race allemande), ou encore pour donner un vernis scientifique à des lubies idéologiques (construire une histoire de type « biblique » du peuple allemand, remplaçant celle des juifs).
C’est donc au nom de la science et de la recherche en médecine que les médecins Nazis ont mené leurs expérimentations sur des cobayes humains non-consentants, dans les camps de concentration. Cela a mené à la rédaction du Code de Nuremberg, en 1947. Il énonce dix conditions que doivent satisfaire les expérimentations pratiquées sur l’être humain pour être considérées comme « acceptables ».
Le scandale de Tuskegee
Malgré ces règles très claires, dans les années 1970, le monde découvre qu’à Tuskegee en Alabama, pour mieux connaître l’évolution de la syphilis lorsqu’elle n’est pas traitée, des médecins américains ont réalisé une étude de longue durée, depuis 1932, sans informer les sujets (des paysans afro-américains pauvres) qu’elle durerait si longtemps (ils pensaient qu’elle durerait 6 mois).
Parmi eux, 399 avaient déjà contracté la syphilis avant le début de l’étude, tandis que 201 ont été contaminés volontairement.
Ils n’en ont jamais été soignés. Les chercheurs de Tuskegee ont ainsi caché aux patients toute information sur la pénicilline afin de continuer de voir comment la maladie pouvait s’étendre et tuer.
Le scandale qui suivit les révélations à la presse d’un épidémiologiste du Département de la Santé Publique mena à la rédaction du rapport Belmont qui, en 1979, établit les principes fondamentaux de la bioéthique en ce qui concerne l’expérimentation humaine pour les USA.
Une approche pluridisciplinaire
C’est pour éviter des débordements du type de ceux mentionnés ci-dessus que la bioéthique fait intervenir des spécialistes issus de plusieurs disciplines : médecins, biologistes et généticiens, bien sûr, mais aussi philosophes, juristes, sociologues, théologiens, etc.
En bref
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Étymologie Latin : genus
Le mot « bioéthique » vient de deux racines grecques :
Bios (βίος), qui désigne la vie, et Ethos (ηθος), qui concerne le comportement. La bioéthique est donc l'éthique, la recherche d'une "vie bonne", d'un comportement bon, vis-à-vis du vivant. -
Spécificité
Si les interrogations éthiques concernant la médecine ne sont pas nouvelles, la bioéthique se distingue de la déontologie médicale classique, car cette dernière constitue surtout un code éthique fondé par les médecins pour les médecins. La bioéthique, au contraire, fait intervenir une pluralité d'acteurs et de disciplines.
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Origine Éthique et Médecine
Cette partie de l'éthique est apparue en tant que « discipline » nouvelle dans le courant des années 1960, et lors d'interrogations au sujet du développement de la biomédecine et des technosciences.
Le néologisme de « bioéthique » lui-même a été forgé par le médecin (oncologue) américain Van Rensselaer Potter dans Bioethics: Bridge to the Future(1971) -
Développement
Depuis 2015 sont précisément répertoriés les programmes universitaires spécialisés en bioéthique partout dans le monde.
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