Identité de GENRE

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Le mot genre (gender en anglais), emprunté à la grammaire, est de plus en plus utilisé pour désigner les fonctions économiques et sociales et les comportements, attitudes et aptitudes physiques et mentales que les sociétés assignent, plus ou moins exclusivement, à l’un et à l’autre sexe. Elles leur appliquent une « grammaire » : un genre (un type) « féminin » est imposé culturellement à la femelle pour en faire une femme sociale, et un genre « masculin » au mâle pour en faire un homme social1.

L’identité de genre, c’est l’expérience intime et personnelle de se sentir comme homme ou femme (ou de s’identifier aux deux genres, à aucun de ces genres, ou encore à une identité autre), et ce, indépendamment du sexe biologique observé à la naissance. Toutes les personnes — toutes orientations sexuelles confondues — ont une identité de genre.

On exprime son identité de genre en jouant sur le spectre de la masculinité, ou sur celui de la féminité. On parle alors d’expression de genre

L’expression de genre concerne la manière d’exprimer socialement son identité de genre par le biais de caractéristiques et de comportements observables pour autrui, tels que l’apparence physique, les codes vestimentaires, les codes langagiers (p. ex. pronoms, prénom), la gestuelle, la personnalité ainsi que les autres attributs liés aux genres.

Cis- ou trans- ?

Certains individus, qu’on appelle cisgenres, se conforment au rôle et aux attentes que leur entourage et la société tout entière ont envers eux.

Mais il est tout à fait courant que les identités de genre soient non-conformes, ou variantes : que des personnes ne se conforment pas aux normes de la société en ce qui a trait à l’expression de genre fondée sur le binarisme du masculin vs féminin. On jugera ainsi un gars «trop» féminin, une fille «trop» masculine, pour ce qui concerne par exemple leur démarche ou leur gestuelle. Mais ce peut être aussi en raison de motifs tels que les sports et les loisirs pratiqués, le style vestimentaire, etc.

D’autres, qu’on appelle transgenres, vivent leur assignation de genre comme une gêne, et parfois même comme une violence. Il·le·s peuvent alors choisir de se vêtir et de se comporter selon les normes de l’autre genre. Leur malaise a longtemps été considéré comme une maladie, un trouble mental2.

Le GENRE en bref

Zoom : les pilules qui révèlent la norme

Tirées de la pharmacopée de Dana Wyse, ces pilules sont à prendre si vous voulez pouvoir accepter et aimer votre enfant transgenre. Un humour sarcastique qui fait grincer des dents…

Dans la pharmacie de Dana Wyse3, la sexualité et les rôles de genre s’avèrent particulièrement hantés par les névroses et les assignations façonnées par la norme hétérosexuelle. 

Elle tend aussi un miroir à peine déformant aux stéréotypes de genre encore tenaces autour de nous, comme dans cette récente campagne publicitaire de l’Hôpital de Montréal pour enfants où les garçons soignés aspirent à devenir astronautes, et les filles, des princesses4.

Trans- quoi ?

Transsexuel ≠ transgenre

Les personnes qui vont jusqu’à modifier leur corps, en modifiant leur pilosité, en prenant des hormones, voire en recourant à la chirurgie pour faire transformer leurs organes génitaux, sont qualifiées de transsexuel·le·s.

Zoom : ne pas confondre sexe et genre

Le sexe, ce sont les caractéristiques physiques qui permettent de distinguer le mâle de la femelle, dans les espèces du vivant dont la reproduction est sexuée… 

Trans- tout court

Pour certain·e·s auteurs et autrices, il n’y a pas deux catégories de trans- mais, là aussi, une continuité. C’est la raison qui les pousse à parler de trans, sans spécifier s’il s’agit de transgenre ou de transsexuel·le. D’autres agissent de la même façon simplement pour préserver la vie privée des personnes ainsi mentionnées. 

Une autre voie : la non-binarité

Parce qu’ils ne se sentent ni homme, ni femme, certains individus sont dits non-binaires, c’est-à-dire qu’ils ne reconnaissent dans aucun genre 5.

Le fait d’être non-binaire n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle ou encore le désir de changer de sexe ou d’effectuer une transition. Une personne non-binaire ne s’identifie ni homme ni femme alors qu’une personne trans est une personne dont le genre ressenti ne correspond pas à son sexe de naissance, et qui peut envisager de changer de sexe.

Les individus non-binaires affirment leur identité jusque dans la langue française et l’usage du pronom. Ainsi, on ne dit plus « elle » ou « il ». Les pronoms sont remplacés par de nouvelles formes, comme les pronoms « iel » ou « yel » ou encore « illes » ou « iiles ». Les personnes non-binaires espèrent que la société, petit à petit, laissera une place au sexe neutre. Pourquoi devons-nous toujours choisir entre homme ou femme quand on remplit un papier administratif, ou même que l’on crée un compte sur n’importe quel site en ligne ? Aux Etats-Unis, les personnes non-binaires utilisent le pronom « they » suivi d’un Singulier, pour ne plus avoir à employer « she » ou « he ». En 2019, le Merriam-Webster, célèbre dictionnaire, a annoncé l’ajout d’une nouvelle définition pour ce « they ».

Il n’y a pas que la langue qui s’adapte. Les réseaux sociaux s’y mettent aussi. Toujours aux Etats-Unis, quand on s’inscrit sur Facebook, on peut cocher « homme » ou « femme » mais aussi « agenre » ou encore « gender variant », synonyme de genre fluide. En France, il est possible de cliquer sur « personnalisé » et d’inscrire son genre dans un champ libre, auquel cas les hommes et les femmes transgenres, non-binaires ou agenres sont libres d’indiquer leur identité.

Exercice : Les pirates du genre

  1. Mathieu, Nicole-Claude. « Anthropologie et « homosexualités » », Martine Gross éd., Homoparentalités, état des lieux. Érès, 2005, pp. 23-29. URL : https://www.cairn.info/homoparentalites-etat-des-lieux–9782749203881-page-23.htm?contenu=resume[]
  2. Selon la quatrième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ou DSM-IV TR publiée en 2000 par l’American Psychiatric Association, le TIS a été caractérisé, entre autres symptômes, par l’impression d’être emprisonné dans le «mauvais corps» et le malaise qu’inspire à la personne son «sexe anatomique». Ce diagnostic psychiatrique était controversé tant parmi les personnes trans que parmi les spécialistes qui travaillent auprès d’elles. Dans la plus récente version du DSM adoptée en 2013 (DSM-V), il n’existe plus de trouble de l’identité sexuelle et la transsexualité n’est donc plus considérée comme une pathologie en soi. Cependant, il subsiste le diagnostic de dysphorie du genre si la personne souffre de sa condition transidentitaire. Autrement dit, une identité trans est considérée comme une maladie seulement si la personne souffre de sa condition transidentitaire.[]
  3. Artiste de Colombie-Britannique (Canada) installée en France qui développe depuis 1996 un arsenal de remèdes fictifs qu’elle présente ensachés sous d’attrayantes étiquettes dont les images sont empruntées à la publicité des années 1960.[]
  4. Marie-Ève Charron, Pharmacopée de vos rêves inavoués, Le Devoir, 15 août 2015. URL : https://www.ledevoir.com/culture/arts-visuels/447549/pharmacopee-de-vos-reves-inavoues[]
  5. les développements ci-dessous viennent de l’article Question de genre : être non-binaire, ça signifie quoi ?, écrit par Caroline Michel pour le journal en ligne « au féminin« []