Des sociétés contre l’État

Penchons-nous sur des travaux encore plus récents que le musée de Tervueren, et sur ceux qui sont partis étudier les peuples qui, malgré toutes les colonisations, avaient su conserver un mode de vie semblable à celui de leurs ancêtres.

Pierre Clastres sera notre guide dans l’Amérique Latine du XXème siècle.

Il étudie les « sociétés primitives » (Guayakis, Guaranis et Tchalupi), et particulièrement leurs structures politiques. Les ethnographes ont rencontré des tribus dans lesquelles les chefs n’avaient pas d’autorité. Les européens, habitués au modèle occidental du pouvoir, ont découvert là des chefs, qui pouvaient être très respectés, qui n’avaient aucune autorité (n’auraient pas pu donner un ordre, auraient été désobéis).

La première interprétation produite par les européens de ce phénomène, c’est que les indiens sont non-civilisés, et leur réaction est de placer ces tribus en-dessous des peuples Incas, qui sont organisées sur le même genre de structure politique que l’Europe d’alors.

Clastres en fait une histoire. Écoutons-le quelques minutes :

Pierre Clastres, en juin 1974 puis en janvier 1967.

Contre cette philosophie de l’histoire qui considère que les humains, et les sociétés humaines, évoluent de stade en stade vers le stade où se trouvent les européens (très européanocentrée), Clastres soutiendra la thèse que ces sociétés sont précisément construites contre le pouvoir coercitif tel qu’il est organisé en occident (d’où le titre de son livre de 1972 La Société contre l’État).

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